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Katherine Melançon

Fiche technique de l’œuvre

MELANÇON, Katherine (née en 1977). Nature morte – Boisé-de-Saint-Sulpice, 2023, scanogrammes de végétaux, de gastéropodes et de mycètes, sublimation sur aluminium, 408,9 x 236,2 cm, Collège Ahuntsic, Montréal (Québec), Canada.

Biographie

Artiste visuelle multidisciplinaire, Katherine Melançon a obtenu un baccalauréat en médias interactifs à l’UQAM (1999) et une maitrise en Beaux-Arts au Central Saint-Martins College of Art & Design de Londres en Angleterre (2010). Immédiatement, elle a participé à des expositions collectives et depuis 2017, elle expose individuellement dans des centres d’artistes, des maisons de la culture et des galeries commerciales. Ses photographies numériques, imprimées sur différents supports et souvent associées à des végétaux dans les expositions, explorent de façons variées les liens entre le naturel et la technologie afin de transformer le regard du spectateur sur son environnement. Les œuvres de Katherine Melançon appartiennent à plusieurs collections privées et publiques au Canada, aux États-Unis et en Europe.

Sur l’œuvre

« L’œuvre invite à poser un regard nouveau sur le territoire. L’image finale est intrigante et stimulante. Le regard a besoin d’observer et de s’attarder pour comprendre ce qui s’offre à lui. Cette qualité d’attention favorise la mémorisation qui, elle, favorise à l’extérieur une nouvelle expérience du lieu : on le voit nécessairement différent. »
– Katherine Melançon1

Travaillant avec les éléments de la nature à proximité des lieux où elle expose, Katherine Melançon a commencé ce projet par des rencontres avec différents intervenants du collège afin de cerner les possibilités végétales susceptibles d’être mises en valeur dans sa création. Les ressources étaient nombreuses entre la serre, le jardin potager, les parterres, le toit vert, la cour intérieure et le parc du Boisé-de-Saint-Sulpice. C’est sur ce dernier que son choix s’est arrêté pour composer Nature morte – Boisé-de-Saint-Sulpice, inaugurée à l’automne 2023.

L’histoire du parc, vestige d’un vaste domaine forestier légué par les Sulpiciens peu à peu grignoté par l’aménagement urbain, a rapidement attiré l’attention de l’artiste. Depuis 2009, le boisé est protégé et restauré2. Adjacent au collège, il est fréquenté par la communauté ahuntsicoise, qui s’y détend, le visite pour des cours ou y effectue des activités sportives. Cet espace de verdure est intégré à la vie collégiale.

Avec Nature morte – Boisé-de-Saint-Sulpice, Katherine Melançon crée une œuvre en continuité avec sa production antérieure par plusieurs aspects. Tout d’abord, on y retrouve des images de végétaux qui participent à la vie du lieu où l’œuvre est installée. Aussi, d’un point de vue technique, on reconnait la scanographie manuelle d’éléments en mouvement, technique particulière qu’elle a perfectionnée au cours de sa pratique artistique. Bien que l’on identifie certaines des composantes numérisées, la manipulation lors de la conception de l’image limite l’aspect iconique des éléments, ce qui la distingue nettement de la photographie documentaire. Il devient difficile pour le spectateur de nommer précisément l’origine des formes étirées et floues de l’image. Enfin, la composition de l’œuvre repose sur le collage numérique de scanogrammes multipliant les effets de profondeur, de superposition et de transparence des images assemblées.

Cependant, le projet au Collège Ahuntsic relève d’une tout autre ampleur que les œuvres de l’artiste exposées en 2021 et 2022, ne serait-ce que par l’architecture du lieu d’installation, la taille des surfaces murales offertes à la création et le matériau d’impression. En effet, l’emplacement proposé pour y inscrire l’œuvre, la cage d’escalier T1.E1, diffère grandement de celui d’une exposition en galerie. Dans cet espace, l’artiste a choisi de travailler à grande échelle et d’occuper le plus grand mur disponible pour y concevoir une immense nature morte de plus de 4 m de hauteur sur presque 2,5 m de largeur. En plus de référer à la géographie du lieu en s’appuyant sur la végétation locale, l’œuvre a été conçue matériellement pour être présentée dans ce lieu précis, autrement dit in situ. Katherine Melançon offre ainsi de nouvelles expériences de l’espace. C’est dans cette perspective que la couleur des murs est liée à celle de l’œuvre afin qu’elle s’intègre davantage à son environnement. La superficie du mur a également nécessité de repenser la taille des éléments scannés, agrandis par rapport à la réalité. Si l’œuvre présente des plantes, des écorces d’arbres, des champignons et même des escargots, le spectateur n’est pas pour autant face à un morceau de nature, mais manifestement devant une image d’éléments de la nature reconstruite faisant référence à ce qu’il côtoie à proximité.

Pour obtenir cet effet général, Katherine Melançon et Yuki Berthiaume-Tremblay, son assistante, ont numérisé plus de quatre-vingts échantillons d’éléments naturels différents présents dans le boisé, ce qui atteste de sa richesse écologique. Chacun a été scanné à plusieurs reprises et pendant une année complète. Les couleurs ainsi que les formes témoignent du passage du temps dans cet environnement protégé. Avec Nature morte – Boisé-de-Saint-Sulpice, Katherine Melançon apporte toutes les saisons à l’intérieur, mais il n’y a pas loin à parcourir pour les retrouver directement dehors, dans leur milieu naturel tout proche. L’œuvre renouvèle la relation du spectateur aux lieux en renforçant le lien entre le collège et le boisé.

Le troisième changement important de l’œuvre au Collège concerne la technique d’impression de l’image. Pour cette commande, l’artiste a créé, pour la première fois, une œuvre permanente dans un lieu public. Afin qu’elle puisse résister aux années tout en conservant son intégrité physique, tant sur le plan matériel que chromatique, Katherine Melançon a choisi d’effectuer une sublimation sur panneaux d’aluminium. L’image, composée à l’ordinateur, est directement fusionnée à son support, divisé en panneaux posés sur le mur.

Alors, regardez! Ces végétaux, ces champignons, ces petits invertébrés vous sont-ils familiers? Les avez-vous rencontrés lors de votre dernier passage?

1 Katherine Melançon. Document présentant le projet de l’œuvre intitulé « Collection d’art contemporain – Collège Ahuntsic. Bilan 22 et planification » soumis aux membres du Comité d’acquisition d’œuvres d’art, 2023, p.14.

2 Comité écologique du Grand Montréal. « Boisé de Saint-Sulpice », consulté le 18 septembre 2023, https://cegm.ca/projets/boise-de-saint-sulpice/

Informations additionnelles

Consultez le site Web de l'artiste.