Fiche technique
AWASHISH, Eruoma (née en 1980). Notcimik, là d’où je viens, 2023, peinture acrylique et feuille d’or sur toile, 152,4 x 182,9 cm, Collège Ahuntsic, Montréal (Québec), Canada.
Biographie
Artiste multidisciplinaire, Eruoma Awashish a une double identité, Québécoise par sa mère et Atikamekw-Nehirowisiw par son père. Elle a obtenu un baccalauréat en art interdisciplinaire de l’Université du Québec à Chicoutimi en 2009. Depuis, elle participe à de nombreuses expositions collectives en Amérique du Nord et en Europe, dans des galeries, des musées, des centres d’artistes et des festivals. Sa pratique de la performance l’engage aussi à créer des murales ou des tableaux en résidence dans des institutions scolaires, comme au Collège Kiuna, le seul cégep autochtone au Québec; à Odanak, au Centre-du-Québec (2015) ou au Collège Ahuntsic, à Montréal (2022).
Sur l’œuvre
À la demande de la Direction des affaires étudiantes, Eruoma Awashish a peint Notcimik, là d’où je viens dans l’Agora, entre le 18 et le 22 septembre 2023. La création in situ à cette période était à la fois l’occasion d’amorcer un dialogue entre l’artiste et les membres de la communauté collégiale et de souligner la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation, le 30 septembre.
L’œuvre a été commandée pour contribuer à une meilleure connaissance des univers culturels des Premiers Peuples à travers l’art, et prendre place dans l’Espace autochtone du Collège Ahunstic, qui a vu le jour en 2019. La symbolique positive de l’œuvre ramène les usagers du local à des valeurs et à des éléments de base importants pour les Premiers Peuples. Elle favorise ainsi le développement d’un sentiment d’appartenance au lieu.
En effet, c’est en pensant aux personnes étudiantes des Premières Nations, Métis et Inuits qui fréquentent le Collège Ahuntsic qu’Eruoma Awashish a peint ce tableau. Comme son titre l’indique, même loin de leur Notcimik, qui signifie « territoire » en Atikamekw, elles se rappellent d’où elles viennent. L’étymologie du mot « Notcimik » veut dire « là d’où je viens, là d’où vient mon sang ». Il désigne la forêt, les plantes qui nous soignent et les fleurs qui s’épanouissent.
« La forêt nous guérit, nous accueille. Dans la forêt se retrouvent notre spiritualité, notre langue, notre médecine, nos valeurs, notre vision du monde. Tout ce dont nous avons besoin s’y retrouve. La terre c’est notre maison à tous et on doit se reconnecter avec la nature, avec la forêt, avec notre mère. C’est vraiment de ça que l’humanité a besoin en ce moment. » Eruoma Awashish
Le cercle doré représente toute la philosophie des Premières Nations. Une expression en Atikamekw, « Waska Matisiwin », signifie « vivre en toute conscience dans l’équilibre du cercle ». L’Être humain n'est pas dans le centre, il se retrouve au travers, il fait partie de ce qui est vivant, les minéraux, les plantes, les étoiles, les planètes, les bactéries aussi, les animaux.
« C’est pour cela qu’il faut prendre soin de nos relations avec tout ce qui est vivant, tout ce qui est sacré. » Eruoma Awashish
Le cœur, au centre du tableau, insuffle l’urgence que nous nous remettions au diapason, que nous adoptions le même rythme que la nature, comme si notre cœur battait avec celui de la Terre Mère pour assurer notre survie actuellement en péril. Les couleurs privilégiées inspirent la douceur, le calme, la sérénité.