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Chronique de la réussite - Steve Masson

Bons coups
Le 7 février 2024 par: Direction adjointe des études aux programmes et à l’enseignement

À l’occasion du colloque pédagogique du Collège Ahuntsic, Steve Masson, professeur à l’Université du Québec à Montréal, a présenté la conférence « Enseigner, c’est changer le cerveau! ». La captation vidéo n’ayant pu être possible, cette chronique de la réussite vous présente l’essentiel de la conférence ayant eu lieu le 10 janvier 2024.

Lors de sa présentation, Steve Masson a présenté trois principes concrets pouvant rendre l’enseignement mieux adapté au fonctionnement du cerveau.

  • Principe 1 : Activer le circuit neuronal à plusieurs reprises
  • Principe 2 : Récupérer l’information en mémoire
  • Principe 3 : Élaborer des explications

Les effets de l’application de chacun de ces principes ont également été présentés en utilisant la taille de l’effet. La taille de l’effet est une valeur numérique qui indique à quel point une approche est efficace par rapport à une autre. La moyenne de l’efficacité des approches pédagogiques amène un gain d’apprentissage de l’ordre de 0,40. Si la taille de l’effet est supérieure à 0,40, elle indique que l’approche testée est plus efficace que la moyenne des approches pédagogiques.

Principe 1

Pour apprendre, on doit changer son cerveau en activant les neurones liés à l’apprentissage visé. En effet, les neurones qui s’activent ensemble se connectent ensemble (Hebb, 1949). Conséquemment, si une région du cerveau s’active en même temps qu’une autre en période d’apprentissage, elles se relient et se consolident au fil des activations. Pour illustrer son propos, monsieur Masson a utilisé l’analogie de la forêt. Ainsi, en comparant le cerveau à une forêt, on pourrait dire que lorsque nous empruntons un chemin à plus d’une reprise, un sentier se trace, au même titre que les connexions cérébrales se forment.

Comment activer les neurones?

Planifier plusieurs moments d’activation des neurones lors de l’enseignement permet de renforcer cette activation. Dans la sélection des exercices, il est suggéré d’utiliser les méthodes d’apprentissage actif. Pour ce faire, il est possible de demander aux personnes apprenantes de produire une réponse, une explication ou une démarche pour résoudre un problème. Contrairement aux approches passives telles que la lecture ou l’écoute, une approche active telle la production d’une explication est susceptible d’activer les neurones. C’est pourquoi il est donc conseillé de privilégier des approches actives en enseignement. Il est souhaité qu’il y ait un équilibre dans les méthodes d’enseignement afin que les moments d’activation soient plus nombreux que les moments passifs.

Il est donc possible de renforcer l’activation des neurones en planifiant plusieurs moments d’activation et en utilisant fréquemment des approches actives.

Taille de l'effet

Principe 2

L’effort de récupération en mémoire permet de stimuler l’activation des régions importantes pour l’apprentissage et améliore celui-ci. Pour être appris, un contenu doit être récupéré en mémoire à de multiples reprises. Afin que l’apprentissage soit consolidé et automatisé, il est possible de provoquer un surapprentissage. En effet, continuer la pratique même après la réussite d’une tâche permet de consolider davantage les connexions neuronales et les stratégies d’apprentissage.

Comment intégrer ce principe de récupération en mémoire?
  1. Faire fréquemment des tests
    • Les tests doivent être de formats variés dont le contenu est équilibré, et offrir de la rétroaction.
  2. Répondre souvent à des questions
    • Pour répondre souvent à des questions, les personnes étudiantes peuvent s’autoquestionner au moment de leur étude, mais les enseignantes et les enseignants peuvent aussi fréquemment poser des questions en classe afin d’augmenter la fréquence des moments de récupération en mémoire.
  3. Laisser du temps au cerveau pour retrouver les réponses
    • Le processus de récupération en mémoire n’est pas instantané. C’est pourquoi, lorsqu’une question est posée, il est suggéré de laisser au moins trois secondes aux personnes interpellées pour qu’elles construisent leur réponse. Ainsi, les réponses seront plus élaborées et les chances qu’une personne trouve la bonne réponse sont augmentées. Devant un silence, il est possible d’activer des notions qui sont autour de celles qui sont visées en rappelant d’autres notions.
  4. Donner des indices qui vont favoriser le travail de récupération en mémoire
    • Dans le cas où les apprentissages ne sont pas assez consolidés pour être transférés, donner des indices en reformulant ou poser des questions qui contiennent des indices faciliteront le processus de récupération en mémoire. Ainsi, le niveau de difficulté des questions peut être croissant.

Avec ces moyens, il est possible de planifier plusieurs moments de récupération en mémoire en classe, mais aussi à l’extérieur de classe à l’aide de plusieurs petits tests ou d’exercices à faire à la maison. Dans le choix des exercices, monsieur Masson rappelle qu’il faut viser un équilibre entre le degré de difficulté de récupération en mémoire et le risque d’erreur.

Taille de l'effet 2

Principe 3

Élaborer des explications fait appel aux connaissances antérieures et active des neurones liés à l’apprentissage visé. Ainsi elle permet d’utiliser la récupération en mémoire et d’établir des liens.

Lorsqu’une personne élabore des explications, le niveau de rétention de l’information atteint 51 % alors qu’en contente de relecture, le niveau de rétention est plutôt de 41 %. Cela s’explique puisque les régions du cerveau qui s’activent davantage en contexte d’élaboration d’explications sont situées dans le cortex préfrontal. Cette région joue le rôle d’intermédiaire vers d’autres régions du cerveau en permettant de relier différentes connaissances et en permettant l’activation de celles-ci. Plus il y a d’activité cérébrale, plus il y a des gains d’apprentissage, puisque les neurones liés aux apprentissages visés s’activent en même temps que d’autres neurones, par exemple, ceux liés aux connaissances antérieures. Ainsi, élaborer des explications joue un rôle positif dans la consolidation des apprentissages.

Pour amener les personnes apprenantes à élaborer des explications, deux moyens sont suggérés :

  • Poser des questions qui demanderont des explications élaborées, que ce soit à l’oral ou à l’écrit;
  • Amener les étudiantes et les étudiants à s’auto-expliquer des notions.

Pour aller plus loin

Document de la présentation
Laboratoire de recherche en neuroéducation
Chaîne YouTube de Steve Masson